Sotchi ou Sochi : France TV choisit l'anglicisme
Billet d'humeur - Le choix de France Télévisions de privilégier la version anglophone du nom de la ville hôte des Jeux Olympiques d'hiver m'horripile. C'est sûrement mon côté conservateur, mais j'aime la langue française, la francophonie et ceux qui la défendent avec autant d'ardeur que nos cousins québécois. C'est au détour d'une visite sur le site de Télé Loisirs - tout arrive - que j'ai appris la nouvelle : France Télévision préférera dans ses incrustations à l'antenne la transcription anglaise "Sochi" au terme français Sotchi, pourtant couramment employé dans la presse jusqu'à maintenant. La bande annonce l'indique clairement. Ce choix, qui va à l'encontre de la logique, risque d'influencer négativement les usages. Certes, le mot Sochi figurera sur toutes les banderoles disposées le long des sites olympiques, mais le diffuseur français ne s'est pas toujours rangé du côté des organisateurs. En 2012, les chaînes publiques écrivaient Londres et non London, en 2006 Turin et non Torino, en 2004 Athènes et non Athens.
Pourquoi écrire Sochi alors qu'une transcription phonétique française du mot russe Сочи (en cyrillique) existe et prend naturellement un "t" ? (explication de la norme sur le blog Carnet du linguiste) L'anglais a-t-il besoin d'être mis sur un piédestal par le service public français lorsque la publicité s'en charge déjà et que de nouveaux médias destinés au public français se nomment Slate, Huffington Post ou Buzzfeed ? Et tiens, qu'en pense le CSA, qui impose un quota de 40 % de chanson en langue française sur les ondes FM ?
Le français est la langue officielle des Jeux Olympiques, selon la charte du CIO en vigueur au 9 septembre 2013. La décision est d'autant plus injustifiable que le français côtoie l'anglais comme langue officielle du Comité international olympique, avec même une légère nuance en sa faveur. Rappelons-nous que le premier congrès olympique s'est tenu en 1894 à la Sorbonne, à l’initiative du baron Pierre de Coubertin. La navrante décision de France TV (prononcer "tivi") qualifiera un déjà triste événement, pourri par la corruption et le nationalisme. Le plus grave étant bien entendu de servir la soupe au dictateur Vladimir Poutine pendant quinze jours en souscrivant à son plan de communication.
Notons que le web de France TV fait de la résistance. Si un boycott médiatique des Jeux Olympiques demeure utopique, faisons en sorte, en tant que journalistes ou public, de faire au moins respecter la langue française. Imposons-nous le "T" avant que de prendre le tea. Ainsi éviterons-nous peut-être que le cas du Quatar devenu Qatar se reproduise.